J’ai connu, les années précédentes, une petite partie du monde de la Péninsule Ibérique, plein de charme et de mystère, avec ses particularités séduisantes, attrayantes et intéressantes jusqu’à l’abandon mȇme de la réalité. Un monde qui te pousse à vivre la vie au maximum, avec des sentiments purs et puissants, vibrants.
J’ai retrouvé ce monde merveilleux dans un livre qui ne peut être que magnifique, tout comme le monde qu’il décrit. Je parle des «Fantômes de Tarragone », écrit par Michael Riche-Villmont. Un livre qui nous envoie dans la Péninsule Ibérique, enveloppés d’une note délicate de parfum romantique, espagnol. Et de nostalgie pour l’époque du chevalerisme catalan, quand, après des drames et des souffrances, le bien sortait toujours gagnant, autant dans l’amour que dans la vie sociale.
En apportant une note d’optimisme de ces temps-là, le livre, par le sujet et les actions décrites et qui se déroulent alternativement à l’époque du chevalerisme médiéval et de nos jours, nous aide à comprendre que la vie est composée tant de nombreux moments dramatiques que des moments de joie. Ce qui est important est de vivre chaque instant avec l’intensité qui peut nous rendre heureux, en surmontant le malheur, aidés précisément par l’espoir et l’optimisme qu’on retrouve dans le contenu du roman. Malgré le fait qu’il décrit des actions et des événements historiques, « Les Fantômes de Tarragone » est un livre de nos jours par le style, le thème et, surtout, par la démarche du développement psychosocial de l’enfant déchiré entre deux types de cultures sociale et religieuses. L’héroïne, l’enfant Melissa, perd le monde chrétien, catalan, où elle vivait et traverse le drame de certains changements radicaux, provoqués par l’adaptation à la vie d’un enfant musulman. Séparée de la famille, de ses parents, elle est éduquée dans l’esprit des traditions et de la religion musulmane.
Comment cet enfant réussit-il à garder intactes son âme, la langue et la foi catalanes? Ne sachant pas si ses parents vivent encore ou si elle peutȇtre sauvée un jour, pour résister, elle repose uniquement sur l’instinct et l’espoir. Elle s’est créée deux mondes parallèles, celle de son enfance, avant l’enlèvement et un autre, ultérieur à ce moment-là. Elle passe, avec la pensée et l’âme, presque par repliement, d’un monde à l’autre, par des états alternatifs de pessimisme dramatique et d’optimisme, en les vivant tous les deux, avec des intensités différentes, qui l’aident à s’adapter et à survivre. Les moments dramatiques traversés par Melissa ne sont pas seulement ceux mentaux, mais aussi ceux réels, physiques, qui ne lui permettent pas de se détacher du monde où elle est obligée de vivre. Je pourrais dire que le roman est un feuilleton télévisé ou au moins il le pourrait ȇtre, mais le thème et sa description dépassent largement les niveaux sirupeux, en réussissant à nous faire méditer aux valeurs qui, par leur existence ou leur absence, rendent la vie intéressante ou énnuyeuse, active ou statique, perdue dans une attente permanente.
Je souligne, encore une fois, qu’il s’agit d’un livre d’actualité, bienvenu. Le titre du roman semble déroutant après la courte lecture des premières pages du livre. On pense à un livre sur des fantômes, des apparitions du néant, des réincarnations, etc… Ce n’est pas le cas. Une fois la lecture commencée, on se rend compte qu’il s’agit d’un livre intense, alerte, sur des personnages de l’époque révolue du chevalerisme médiéval mais, curieusement, aussi de nos jours. Et lorsqu’on finit la lecture, on laisse le livre et on plonge dans les pensées. Il y a de quoi réfléchir. À la vie, la vie comme l’a vécue Melissa, l’héroïne principale, il y a neuf cents ans. Mais actuelle encore, au moins, par quelques aspects: les encouragements, les enseignements, sinon, les conseils que l’héroïne nous envoie, à travers le temps. D’avoir un but dans la vie, pour nous aider à surmonter les difficultés, les drames et les insatisfactions, de nous maintenir à flot, comme on dit. Puis, de savoir ce que c’est la patience et la persévérance pour atteindre les objectifs qu’on a choisi ou imposé. Et pas dernièrement, il s’agirait de la confiance en soi-mȇme et dans la réalisation des objectifs.
On est déjà habitué aux thèmes que l’auteur Michael Riche-Villmont aborde dans ses livres. Des faits et des événements médiévaux réels, enveloppés cependant dans le mystère, nous sont décrits par le biais de la pensée et l’action de quelques personnages, héros de notre temps. Ainsi, les conséquences actuelles des faits et des événements historiques sont décrites, naturellement et logiquement, comme si le lecteur participeraient directement à ces événements-là et aux actions policières du présent.
Le lecteur fait un voyage dans le temps et l’espace non seulement avec la pensée, mais aussi émotionnellement, en revivant les drames anciens, les mystères qui les entourent encore. Il les revit et essaie de trouver les secrets bien cachés, en temps utile et avec patience, il les découvre lui-même, parfois avec des moyens ésotériques, magiques et ainsi il arrive à des résultats étonnants.
Dans ce roman, le lecteur se familiarise autant avec l’atmosphère du douzième siècle en Catalogne, la province de Tarragone, qu’avec les aspects de notre temps, de la même province. Les deux mondes, l’ancien et le nouveau, deviennent partie du sujet unitaire, de l’action pleine de dramatisme et d’imprévus du livre, le lien étant le personnage principal, Melissa Isabela de Gadara y Salou. La vie menée par Melissa pendant les années 1130 et les suivantes, est actuelle non seulement par les valeurs qu’elle nous transmet à travers des siècles, mais aussi par la mise au point par l’auteur, d’une action policière qui se déroule de nos jours et qui met en évidence et actualise, l’expérience de vie de Melissa Isabela. Et nous constatons avec étonnement, la similitude des expériences émotionnelles, spirituelles, éprouvées lors, dans l’Antiquité et aujourd’hui, comme réaction aux différents événements de la vie. Seulement après avoir médité sur ces choses-ci, on voit pourquoi Melissa est devenue, à côté de Lopez, un personnage de légende, une héroïne de l’amour et du bien. Peut-être que c’est trop dit, mais pas faux. Melissa, fille des nobles catalans de la province de Tarragone, enlevée par les Maures, quand elle avait quatre ans, a été soignée et élevée par les femmes musulmanes du maître maure, dans le harem de celui-ci.
Sa vie est une succession de drames qui ne prennent pas fin avec sa libération par son père et le jeune Lopez. Il suit une période intéressante, active dans sa vie. Elle participe à la libération des villes Almeria et Tortosa, à la défense des habitants attaqués sans cesse par des bandes de voleurs. C’est aussi le début d’une vie sentimentale active, mais désorientée, ne sachant pas lequel choisir: l’homme qui l’a sauvée, Lopez ou un autre jeune homme, Diego, arrogant, riche, audace (est-ce qu’on reconnaît le modèle?). Plus tard, un drame, ajouté aux autres de la vie de Melissa, lui donne l’occasion, ou peut-être la chance de faire le bon choix et de trouver l’accomplissement de soi.
Les drames vécus par Melissa, l’aide donnée aux gens des régions avoisinantes, transforment Melissa Isabela et son mari, en héros de légende, leurs actions bienfaisantes se manifestant mȇme après leur mort. Leur légende nous est parvenue et, selon elle, les deux héros auraient fait leur apparition au fil du temps, souvent, comme des fantômes, pour aider les personnes en détresse.
Mais comment arrivent les drames de la vie de Melissa à l’attention du lecteur? Avec tous les détails et les histoires détachés de la magie, de l’ésotérisme et des expériences parapsychologiques. La manière choisie par l’auteur est ingénieuse et j’ai aimé le caractère naturel du lien. Un jeune médecin français, accompagné de sa femme et d’un groupe d’amis, vont en vacances sur la Costa Dorada, dans la station balnéaire de Salou. Ici, on leur raconte la légende de San Jorge, qui parle du sauvetage d’une princesse enlevée par un dragon. Nous, les lecteurs, nous apprenons ainsi, d’où vient l’habitude des Catalans d’offrir comme cadeaux, le 23 avril, Día de San Jorge, le jour des amoureux, une rose rouge et un livre. Par conséquent, le jeune français est en même temps informé sur la légende des fantômes de Tarragone, Melissa Isabela et Lopez, sur laquelle il se documente assidûment. En fin de compte, le jeune français découvre que les deux héros ont réellement existé et qu’ils ont eu des enfants.
Qui sont les descendants des héros de Tarragone? On le découvre en lisant le roman, écrit dans un rythme alerte, mais avec du tact et du sentiment. L’auteur fait le lecteur passer par tous les états, de la douleur et l’indignation, à la compréhension et à la jouissance. De l’agonie à l’extase. La fin du livre, inattendue, surprenante, mérite tout le crédit. Il vaut la peine de lire ce roman au moins pour cette fin, sinon pour apprendre plus sur l’histoire de certaines attractions touristiques: Tarragona, Reus, Almeria, Tortosa, Salou.
Il est facile à lire, attrayant, a un style autant de chronique médiévale que d’action policière. La dernière question que je me pose maintenant: Melissa et Lopez ont-ils réellement existé? Le livre se base-t-il sur des faits réels? Oui, je veux croire qu’ils étaient des personnages historiques réels. Je choisis et je vote pour cela. Et si quelqu’un veut me contredire, qu’il me prouve qu’ils sont une fiction. L’auteur sera l’arbitre, neutre. Bien que je pense qu’il serait de mon côté. Une fois fermé le livre, j’ai pensé que je pourrais l’appeler, à juste titre, le livre de la province de Tarragone et si j’avais une agence de tourisme, j’organiserais des itinéraires touristiques aux objectifs dont l’histoire j’apprecie dès maintenant, différemment. Avec l’oeil d’un connaisseur.
J’ai mis le roman dans la bibliothèque, à la vue, à relire et à revivre le plus tôt possible. Quand je me languirai des heros de l’amour, Melissa Isabela et Lopez.
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