La constitution de l’Ordre des Chevaliers Templiers- Clarifications historiques sur les circonstances concrètes, la date et le lieu de la confirmation
Copyright © 2014 par Michael Riche-Villmont
Au fil du temps, sur la constitution, l’existence et l’extinction de l’Ordre des Chevaliers Templiers (Pauperes Commilitones Christi Templique Solomonici), des tomes d’études ont été écrites, de nombreux avis, questions et hypothèses ont été exprimés. Et tout cela, grâce non seulement au grand intérêt des historiens pour l’Ordre des Templiers, mais aussi aux documents historiques peu nombreux de l’époque, liés à cet ordre chevaleresque.
Aujourd’hui, nous avons une image assez complète de cet ordre, grâce à d’autres preuves, écrites ou archéologiques, recueillies par les assoiffés des recherches historiques. Mais plusieurs informations sur les actions des Templiers, sur leurs rituels secrets, religieux et ésotériques, sont restées inconnues, ou au degré d’opinion et d’hypothèse. Toujours peu nombreuses sont les données certifiées sur l’établissement de l’ordre, sur son fabuleux trésor, comme on dit, sur l’extinction de l’ordre et la disparition des Templiers de la vie militaire et religieuse de l’époque.
Nous allons jeter un coup d’oeil, seulement sur la fondation de l’Ordre des Templiers. Il est presque universellement reconnu que l’ordre fut fondé en 1118 à Jérusalem, par un groupe de neuf chevaliers croisés.
Mais peut-on répondre au grand nombre de questions sur la constitution de l’ordre? Comme, par exemple: pendant quel mois de l’année fut-elle confirmée, la création de l’Ordre des Templiers; s’est-il deroulé un rituel religieux, un service religieux de la consécration de l’ordre? Fut-il officié un rituel de consécration des membres, des Chevaliers de l’ordre, en suivant les règles chevaleresques? De façon formelle, de quelle manière, écrite ou orale, prit-il, le Roi Baldouin, sous sa tutelle, l’Ordre des Templiers, dès sa constitution et jusqu’à sa reconnaissance par l’ Église?
Bien que nous n’avons pas de données historiques pour pouvoir répondre avec certitude à ces questions, nous pouvons quand même émettre un point de vue, avec un haut degré de probabilité. Notre avis est fondé tant sur les données historiques complexes concernant l’Ordre des Chevaliers Templiers et les personnes impliquées dans sa constitution, que sur les règles et les coutumes de la noblesse de la l’époque.
L’hypothèse que nous émettons concerne les circonstances de la constitution de l’Ordre et l’édit royal de la consécration de cet Ordre. Nous croyons qu’ un tel événement, celui annonçant la création d’un ordre chevaleresque, militaire et religieux, a été réalisé à travers une cérémonie, avec un rituel approprié et a été publié un édit royal de reconnaissance de l’Ordre des Templiers, au moins pour prouver à l’Église son soutien dans le Royaume de Jérusalem.
Cet avis, je l’ai exposé dans le travail « Saint Bernard et les ordres chevaleresques » et dans le roman historique « L’appel du Temple secret ». Nous présentons ici un extrait de l’ouvrage.1
« Une question qui nous a beaucoup préoccupée a été celle du moment de la constitution de l’ordre, c’est-à-dire la date officielle de la consécration de sa création. En analysant les événements historiques, politiques et militaires de 1118, nous croyons que l’annonce officielle de la fondation de l’Ordre des Chevaliers du Temple du Salomon a été faite pendant la messe de la fête de L’ Assomption, le 15 août 1118, à l’ Église du Saint-Sépulcre. »
L’ hypothèse que nous publions et dans laquelle nous croyons, est plausible. Nous croyons que la date du 15 août est la plus susceptible pour la consécration de la constitution de l’Ordre Templier. Tout d’abord, c’est la date du début de la première croisade, dont la conséquence fut l’établissement du Royaume Latin de Jérusalem et des Principautés Chrétiennes d’Édesse, Tripoli et Antioche. Un événement très important pour le Royaume et pour toute la chrétienté, la commémoration de celui-ci étant pour les croisés exactement le meilleur moment pour la consécration de l’existence de l’ordre. La plupart des neuf chevaliers ont été des croisés, comme le roi, d’ailleurs. Deuxièmement, les Templiers vénéraient et se signaient devant la Sainte Vierge Marie, la considérant comme une véritable patronne de l’ordre.
Nous pensons également que la sélection de l’Église du Saint-Sépulcre pour la messe de consécration, n’était pas une coïncidence. D’une part, six des neuf chevaliers étaient des membres de l’Ordre des Chevaliers du Saint-Sépulcre, fondé par les croisés immédiatement après la conquête de Jérusalem, en 1099. De l’autre part, les membres du nouvel Ordre Templier étaient des pauvres soldats du Christ ce qui faisait que la messe ait lieu, naturellement, au Saint-Sépulcre.
Un autre aspect de l’hypothèse, est celui du rituel par lequel l’Ordre a été confirmé, rituel effectué pendant la cérémonie de consécration de l’ordre. Nous prenons en compte le fait que les règles écrites et les coutumes nobiliaires de la France médiévale 2, exigeaient l’accomplissement d’un certain rituel 3 afin d’élever un jeune d’origine noble au rang de chevalier. C’ était une véritable initiation, avec un stage de préparation du jeune candidat pour ce noble rang militaire, la préparation psychologique et religieuse et le moment de l’accomplissement réel du rituel 4.
D’autant plus, l’établissement de l’ordre chevaleresque, militaire et religieux, devait, à notre avis, être consacré par le roi, par un rituel religieux, avec la participation du Patriarche et de la noblesse laïque, semblable à celui d’élévation au rang de chevalier. On connaît le soutien décisif que le roi Baldouin IIe a donné à Hugues de Payens et aux autres huit chevaliers pour l’établissement et la reconnaissance de l’Ordre du Temple. Il a participé comme roi et comme noble chevalier à ce projet militaire-là. C’est pourquoi nous pensons que le roi a conduit le rituel de consécration de la constitution de l’ordre des Templiers, aidé par le Patriarche Garmount, qui a donné sa bénédiction aux neuf chevaliers Templiers. Pour confirmer et renforcer l’appartenance de l’ordre et de ses membres, à la chrétienté et aux terres chrétiennes du Royaume de Jérusalem, on n’exclut pas la possibilité que le roi, par le biais du rituel, ait accordé aux membres de l’ordre, le titre de nobles chevaliers du Royaume de Jérusalem. Nous croyons qu’il aurait pu faire cela pour encourager l’entrée dans l’ordre d’autres jeunes hommes, les fils des nobles pauvres d’Europe et de l’Orient.
Pendant le rituel, conformément aux règles chevaleresques, le roi devait prononcer un discours pour confirmer la constitution de l’ordre et l’anoblissement des chevaliers et nous avons la conviction qu’il a fait cela.
Nous pouvons nous imaginer le contenu de son discours, en partant de la personnalité de Baldouin IIe, la grande satisfaction qu’il a eue pour la constitution de l’ordre chevaleresque, la présence de hauts prélats et des nobles du Royaume à cette importante festivité -là.
Nous estimons donc que le roi a salué la fondation de cet ordre chevaleresque et a proclamé son existence à jamais, en insistant sur le caractère de stabilité et de pérennité de l’ordre.
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2Barthélemy Dominique – L’Ordre seigneurial: XIe – XIIe siècle, Collection: Nouvelle histoire de la France moderne, vol. 3, Paris: Editions du Seuil, 1990, ISBN 2-02-011554-9
3 Michael Rich-Villmont, Le Chevalier de Payns, ch..I,er Éd. Sf. Ierarh Nicolae, 2014. ISBN 978-606-671-526-3
4 Jean Flori,, Chevaliers et chevalerie au Moyen Âge, 2004, Hachette, Paris.
Cet aspect, les Templiers pouvaient l’envisager comme étant une sorte de testament. N’oublions pas, qu’à ce moment-là, en 1118, l’Ordre des Templiers, à Jérusalem, se trouvait sous l’autorité du roi Baldouin et du Patriarche latin de Jérusalem.
Un autre aspect serait l’existence de l’édit royal à l’égard de l’établissement de l’Ordre des Templiers. Jusqu’à maintenant, on n’a pas trouvé aucun document crédible dans ce sens, mais on n’exclut pas la possibilité que cet édit ait été écrit sur un parchemin, pour la consécration officielle de la constitution de l’ordre, parchemin qui aurait pu être » endommagé ou détruit au fil du temps, ou, peut-être, erré au cadre des diverses archives chrétiennes « .5
À travers les aspects mentionnés ci-dessus, nous pensons d’avoir répondu, partiellement, à quelques-unes des nombreuses questions et incertitudes qui accompagnent l’histoire de l’Ordre des Chevaliers Templiers (Pauperes Commilitones Christi Templique Solomonici).
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5 Riche-Villmont, Michael, „ Saint Bernard et les ordres chevaleresques ”
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